dimecres, 2 de novembre del 2016

Octobre, une lettre à la fois

O C T O B R E

Mais où est donc passé le deuxième mois de mon échange? Il est passé juste sous mon nez enrhumé, tellement rapidement que j’en ai à peine eu conscience. Il a disparu sous les lundis matins où nos alarmes n’ont pas sonné, sous les polvoróns, petits gâteaux espagnols, que nous avons engloutis, sous les parties de bowling et les photos dans les minuscules photobooth, sous les cours de piano toujours plus colorés et les grandes marches dans le centre-ville de Barcelone. Il a été soufflé vers je-ne-sais-où par le vent automnal qui s’est installé, comme un vieil ami, à Sant Esteve.   


C A S T A G N A S

Lorsque nous sommes entrés, le 31 octobre à l’heure du souper dans la maison de Daniel et Núria, il y flottait une odeur de châtaignes grillées. «La Castagna!», m’a annoncé Mariona. Je ne savais pas ce que c’était et je n’aurais jamais pu deviner. Un festin de figues et de fromage frais, de charcuteries et pan con tomate, de panellets, petits gâteaux aux noix, et de châtaignes grillées au feu du foyer. Des châtaignes, des centaines de châtaignes. On en épluchait, encore et encore, et, comme des smarties, tantôt on les gobait tout rond, tantôt on les faisait durer dans notre bouche pendant toute une conversation. La Castagna, c’est de la délicieuse boustifaille, mais c’est aussi beaucoup plus. C’est une soirée où toute la famille est réunie et où on invite des amis pour rire et parler, pour manger et chanter, de ces soirées dont on a pas besoin de photos pour se souvenir.


T R A D I T I O N S

Les gigantes, immenses marionnettes qui paradent dans les rues.

La Sardana, danse traditionnelle où les grands-parents et les enfants dansent ensemble en un long cercle sur la place publique.

Les Ball de bastons, impressionnants spectacles de personnes dansant avec de longs bâtons de bois.

Les Castellers, effrayantes pyramides humaines d’une dizaine d’étages réalisées le plus rapidement possible.

Des costumes, des desserts, des chansons, des histoires et de l’histoire. Des gens pleins de vie qui organisent des fêtes et se rassemblent. Pour que chacun apprenne de l’autre. La Catalogne est une région riche de traditions, et cette richesse fait briller mes yeux à chaque fois que j’en suis témoin.


O H,  C O M M E   L A   N E I G E   A   N E I G É  …

Bon, d’accord, peut-être pas, mais peu s’en faut. Qui donc a affirmé avant mon départ qu’il faisait vingt-cinq degrés celsius à l’année en Espagne? … Moi, je l’avoue. J’ai donc dû aller faire un peu de lèche-vitrine et des achats à Barcelone pour quelques pelures, ce qui m’a fait découvrir Barcelone de nuit. Un tout nouveau monde. Des fontaines qui illuminent les places publiques. Les gens tantôt pressés, tantôt flemmards. Des édifices tellement hauts qu’on n’en voit pas la fin dans l’obscurité. Des boutiques de souvenirs, toujours ouvertes, avec leurs employés endormis qui s’efforcent de garder les yeux ouverts.

L’automne espagnol s’apparente à celui du Québec, en un peu plus fainéant. Tout va plus lentement, comme si on prenait le calendrier et qu’on l’allongeait comme un caramel mollasson. Les feuilles prennent leur temps pour changer de couleur, flâneuses. Le thermostat descend posément, nonchalant. La nature prends son temps, paresseuse, indécise ; elle ne cesse de changer d’idée. Un jour nous sortons nos lunettes de soleil, l’autre nous nous retrouvons avec un gros foulard enroulé autour du cou.


B U S C A N D O   A   A L A S K A

Avant mon voyage, ce n’était un livre que j’avais adoré lire en anglais, Looking for Alaska. Maintenant, il représente beaucoup plus : le premier livre que j’ai lu en espagnol! Trois cents pages de fierté. Trois-cent pages d’effort, de découragement, de rires, de pleurs, de recherche et de relecture, relecture, relecture. ¿No es fantástico?
L’espagnol, la langue dont j’ai toujours rêvé de babiller parce que les gens qui le faisaient en paraissaient toujours heureux, comme si sourire était nécessaire pour bien en prononcer les mots.
L’espagnol, qui m’a ouvert la porte à non seulement quatre cent millions de nouvelles personnes dans le monde, mais aussi à tant de cultures, d’opinions et de façons d’être. Parce que c’est cela, une nouvelle langue ; c’est beaucoup plus que de nouveaux mots. Ce sont de nouvelles personnes, de nouveaux peuples à la portée de tes doigts.


R I R E

Esto es lo que más hago!


E N   DI R E C T

C’est l’impression que j’ai, ici ; tout vivre en direct, sans générale, sans rediffusion. Sans que personne n’en soit averti, pas même moi. Chaque jour compte son lot de découvertes et de surprises, et j’improvise. J’improvise au milieu de toutes ces personnes, de ces nouvelles places, j’invente de nouveaux mots, j’agence de nouvelles couleurs, j’échafaude de nouvelles histoires… Je crée de nouveaux pas de danse, quoi! Je monte une longue chorégraphie au son des cloches de l’église de Sant Esteve. Une chorégraphie complétée environ aux deux-tiers où chaque mouvement est un nouvel étonnement.


Élisabeth Galibois


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