divendres, 2 de desembre del 2016

Noviembre : Épuisée mais ravie

Le dernier tiers mais non le moindre. Un mois, quatre semaines, trente jours. Sept-cent-vingt heures qui ont passées comme une poignée de celles-ci. Quelques heures à regarder les montagnes par la fenêtre durant les cours, à cuisiner des pains aux bananes extra chocolat avec le petit Jan, à jouer aux échecs, à placoter en espagnol pendant les cours de français et en français pendant les cours d’espagnol. Quelques heures à prendre des photos de tout et de rien, à jouer au jeu de la figue tard le soir dans le salon, à manger des tortillas de patatas, à jouer du piano avec Mariona, à rire et à sauter un peu partout.  

Vous pourriez penser que je n’aie pas pu faire tout ça en quelques heures, mais c’est le cas, parce qu’à Sant Esteve, on a le temps. On sait que le temps est quelque part et si on ne le trouve pas tout de suite, on le cherche. On va l’agripper et on en met un peu dans notre poche.

J’ai passé le mois de novembre à observer. À observer tout autour de moi, encore plus qu’avant, pour être sûre de me souvenir de tout. De me souvenir du bleu du ciel, du vert de l’herbe, du rosé des murs de ma chambre. Pour me souvenir du rire de Nuria et du sourire de Carla. Pour me souvenir du goût exact du leche con cacao que la maman de Mariona nous prépare le soir, du son du piano de la maison, de la froideur des jours de pluie et de la chaleur des écharpes de laine d’ici.

Nous avons dansé sous la pluie, nous avons célébré le Sant Élisabeth, nous sommes parties pour Venise, nous sommes allés voir jouer la légendaire équipe de fútbol du Barça, nous avons joué au Monopoly catalan, nous avons écouté Anatomia de Grey. Nous nous sommes promenées sur la grande place très tôt le matin, à l’heure où tout le village est endormi, nous avons visité l’incroyable musée Picasso, nous avons cuisiné avec la grand-maman.

Dans une lettre envoyée à ma meilleure amie, j’ai écrit :  
«Je suis présentement en cours de catalan, langue que je suis maintenant finalement capable de comprendre,  et je regarde les montagnes. N’est-il pas incroyable qu’avant cet échange, je ne savais pas qu’elles existaient, et que maintenant, mon esprit s’y perd chaque jour?»

J’ai passé ce mois-ci avec des papillons dans le ventre. De ces bons papillons, de ceux que l’on a le matin du 24 décembre ou lorsqu’on prépare une fête surprise. C’est notamment cela, la vie en échange : c’est de se réveiller et de ne pas savoir ce qui t’attend. Mais la vie en échange, c’est beaucoup plus. Au début, c’est de ne pas tout comprendre parfois et de ne rien comprendre du tout d’autres fois. C’est de copier les expressions faciales de la personne qui te parle quand tu ne comprends pas ce qu’elle te dit. C’est de répondre ton nom quand un professeur te demande si tu aimes l’école. Vers la fin, c’est d’avoir été là assez longtemps pour savoir que les plus gourmands de la classe sortent leurs sandwichs quelques minutes avant que la cloche de la récréation sonne et que s’il n’y a pas de melon sur la table de la salle à manger, c’est qu’il n’y en avait pas à l’épicerie. C’est de connaître les horaires de la librairie et de la confiserie du village sur le bout des doigts et de savoir avec quel professeur on peut se permettre de passer le bras par la fenêtre lorsqu’il pleut. La vie en échange, c’est vraiment formidable, et c’est différent pour chacun. C’est de se coucher tous les soirs complètement épuisée d’avoir tant parlé et tant couru.

« Épuisés mais ravis
Fallait-il que l’on s’aime
Et qu’on aime la vie »


Élisabeth Galibois


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